L’Ataxie Apraxie Oculomotrice de type 1.

L’AOA1 est une maladie génétique rare

Pour bien comprendre cette maladie, il est indispensable de comprendre ce qu’est une ataxie :
(Source : https://institutducerveau-icm.org/fr/ataxie/ )

Les ataxies (étymologiquement désordre) aussi appelés syndromes cérébelleux, sont un ensemble de pathologies neurodégénératives du cervelet et/ou du tronc cérébral, qui se traduisent par des troubles de la coordination des mouvements volontaires sans faiblesse musculaire, de l’équilibre et une atteinte oculaire. Elles touchent environ 1 personne sur 10 000 (soit environ 10 000 personnes) en France et dans la plupart des pays européens.

Ces maladies sont dues à des dysfonctionnements de la transmission neuronale dans le cervelet et dans les faisceaux nerveux qui y sont connectés. Le cervelet est la partie du cerveau responsable de la coordination des mouvements volontaires. Le premier signe de l’ataxie est souvent une perte de l’équilibre qui évolue de manière continue vers une incoordination qui va affecter la marche, la posture, la parole ou les mouvements oculaires par exemple.

On distingue les ataxies d’origine génétique qui affectent les deux côtés du corps et présentent une évolution lente, des ataxies acquises qui surviennent brutalement après une atteinte cérébrale subite. Une tumeur, une rupture d’anévrisme, une infection cérébrale, mais également un abus d’alcool ou une intoxication chimique peuvent être à l’origine des ataxies acquises. On distingue également les ataxies congénitales dues à des malformations développementales du cerveau.

LES CAUSES ET MÉCANISMES BIOLOGIQUES DES ATAXIES

Les ataxies ne résultent pas d’une faiblesse musculaire mais ont pour origine un dysfonctionnement du système nerveux central. Les ataxies cérébelleuses apparaissent en cas d’atteinte du cervelet ; les ataxies sensorielles témoignent d’une atteinte de la moelle épinière, et on peut également distinguer les ataxies vestibulaires. Il existe des ataxies d’origine génétique dues à des mutations dans différents gènes (plus de 50 connus à ce jour) et des ataxies acquises d’apparition brutale, qui ont pour origine une lésion du cerveau ou de la moelle épinière. Pour en savoir plus sur les causes des ataxies, consultez notre page dédiée.

LES SYMPTÔMES ET LE DIAGNOSTIC DES ATAXIES

Les ataxies cérébelleuses se caractérisent par une perte de coordination, l’apraxie empêchant les patients de contrôler la position de leurs membres ou leur posture. Selon le type d’ataxie on peut observer une dysmétrie (perte de contrôle de l’amplitude des mouvements volontaires), une dysarthrie (perte de contrôle de la parole et de son amplitude), un nystagmus (perte de contrôle des mouvements des yeux) et des tremblements peuvent apparaître.

Le diagnostic d’ataxie s’appuie sur un examen clinique, une imagerie cérébrale, des examens d’électrophysiologie et une analyse génétique dans les cas familiaux.

LES TRAITEMENTS DES ATAXIES

Il n’existe à ce jour aucun traitement approuvé pour les ataxies cérébelleuses d’origine génétique pour lesquelles la kinésithérapie, l’ergothérapie ou l’orthophonie peuvent soulager les symptômes.

Les ataxies acquises peuvent être traitées selon leur origine, toxique, traumatique, inflammatoire. Dans le cas d’une ataxie résultant d’une tumeur cérébrale par exemple, un traitement par chimiothérapie ou par chirurgie visant à éliminer la tumeur réduira voire supprimera les symptômes de l’ataxie.

L'Ataxie oculomotrice de type 1 (AOA1)

Epidémiologie

L'ataxie-apraxie oculomotrice de type 1 (AOA1) représente 3,6 % de toutes les ataxies cérébelleuses récessives autosomiques (ARCA) au Portugal ; au Japon, l'AOA1 semble être la cause la plus fréquente d'ataxies cérébelleuses autosomiques récessives (ARCA). Dans une cohorte de 227 patients d'origine principalement française atteints d'ataxie cérébelleuse progressive et sélectionnés une fois exclue l'ataxie de Friedreich, la fréquence relative de l'AOA1 était de 5%.

Description clinique

L'AOA1 se manifeste par une ataxie cérébelleuse apparaissant entre 2 et 6 ans (soit un âge moyen d'apparition de 4,3 ans), et se caractérise par un déséquilibre progressif de la marche, suivi de la dysarthrie, puis de la dysmétrie des membres. Plus tard, le tableau clinique est dominé par la neuropathie motrice axonale périphérique. L'apraxie oculomotrice (OMA, incapacité à coordonner les mouvements des yeux et de la tête : l'obtention d'une vision latérale est précédée d'un mouvement de la tête) est présente chez presque tous les patients atteints d'AOA1. La chorée se manifeste dès le début chez 80 % des patients et la dystonie des membres supérieurs (voir ce terme) chez environ 50 % des patients. Parmi les autres caractéristiques, on distingue des ondes carrées (square wave jerks), une poursuite saccadique et le nystagmus se manifestant dans le regard, une aréflexie suivie d'une neuropathie périphérique sévère. On observe une déficience intellectuelle variable.

Etiologie

L'AOA1 résulte de mutations dans le gène APTX (9p13.3) qui code pour l'aprataxine jouant un rôle important dans la réparation des cassures simple-brin de l'ADN. La plupart des mutations identifiées jusqu'à présent sont localisées dans les exons 5, 6 et 7. Certaines corrélations ont été établies entre le génotype et le phénotype : par exemple, le phénotype choréique grave et persistant est associé aux mutations A198V, les mutations tronquées sont associées à une apparition plus précoce et les délétions à un phénotype plus sévère et à une déficience intellectuelle.

Méthode(s) diagnostique(s)

Le diagnostic de l'AOA1 est basé sur les résultats cliniques, l'évolution progressive, l'absence de signes extraneurologiques et les antécédents familiaux. Les résultats de l'électromyographie révèlent une neuropathie axonale sensori-motrice sévère. Les enregistrements oculographiques montrent des latences normales, des saccades hypométriques, une diminution du gain moyen en amplitude et des saccades réparties en plusieurs saccades successives. L'imagerie par résonance magnétique cérébrale montre une atrophie cérébelleuse. L'hypoalbuminémie et l'hypercholestérolémie sont habituelles (la durée de la maladie est positivement corrélée avec le cholestérol et négativement corrélée avec le taux d'albumine). Le diagnostic est confirmé par l'analyse moléculaire du gène APTX.

Diagnostic(s) différentiel(s)

Le diagnostic différentiel vise à écarter l'ataxie de Friedreich, l'ataxie par déficit en vitamine E, l'AOA2, l'ataxie-télangiectasie, l'ataxie-télangiectasie-like, l'ataxie spastique autosomique récessive de type Charlevoix-Saguenay (voir ces termes).

Diagnostic prénatal

Le dépistage des porteurs dans des familles à risque et les tests prénataux sont possibles si les deux allèles responsables de la maladie dans une famille sont connus.

Conseil génétique

Le mode de transmission de l'AOA1 est autosomique récessif. Le conseil génétique est recommandé, car les frères et soeurs d'un individu affecté ont chacun 25 % de risques d'être affectés, 50 % de risques d'être des porteurs asymptomatiques et 25 % de risques de n'être ni affectés ni porteurs.

Prise en charge et traitement

Il n'existe pas de traitement spécifique de l'AOA1 et la prise en charge consiste essentiellement en un traitement de soutien. Celui-ci repose sur la physiothérapie pour traiter les incapacités résultant de l'ataxie cérébelleuse et de la neuropathie périphérique ; un soutien pédagogique pour compenser les difficultés de lecture et d'écriture, l'orthophonie pour la dysarthrie et les troubles cognitifs. Un régime pauvre en cholestérol et un traitement hypolipidémiant sont recommandés. Un suivi de routine par un neurologue ou un neurogénéticien est recommandé. Certains essais thérapeutiques sont en cours, comme l'évaluation de l'efficacité de la coenzyme Q10 dans l'évolution de la maladie.

Pronostic

L'AOA1 est une maladie neurodégénérative progressive et la plupart des patients sont en fauteuil roulant entre sept à dix ans après le début de la maladie.
Source : https://www.orpha.net/consor/cgibin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=1168#:~:text=L'AOA1%20se%20manifeste%20par,de%20la%20dysm%C3%A9trie%20des%20membres

Recherche aux Etats-Unis

Nous avons été informé que le Dr Brent Fogel, qui possède son propre laboratoire de recherches à Los Angeles, aux États-Unis avait décidé d’effectuer des recherches spécifiques sur l’AOA1 (il travaille également sur AOA2). Le laboratoire regroupe 37 chercheurs. Le Docteur s’est spécialisé dans les maladies neurogénétiques, et notamment sur l’Ataxie avec apraxie oculomotrice. L’objectif est de mieux comprendre la base moléculaire de ces maladies. Le laboratoire cherche à améliorer le diagnostic, et développer de nouveaux traitements cliniques pour les patients et leurs familles. Une année de recherche nécessite environ 250 000 $.



Le Docteur Brent Fogel est également membre du centre d’ataxie de UCLA (l’école très réputée « University of California, Los Angeles ») et dirige le programme « Ataxia and Neurogenetics Biobank Program ». Il est l’auteur de nombreux articles de recherche et cliniques, revues et chapitres de livres sur l’ataxie spinocérébelleuse, la neuro-génétique clinique et les maladies neuro-développementales